Les Différentes Pratiques du Centre Gandhara

Au Centre Gandhara la méditation s’articule autour de quatre pratiques fondamentales qui sont : la Pratique de la présence attentive (Mindfulness), la Pratique pour avoir le courage d’être pleinement vivant (ou Pratique du courage), la Pratique de la bienveillance (Maitri) et la Pratique de la compassion (Tonglen).

Chaque une de ces pratiques a sa propre cohérence interne mais s’éclaire en même temps plus avant à la lumière des trois autres. Au Centre Moderne de Méditation on commence par pratiquer la Présence attentive (qui sera toujours notre base) pour nous ouvrir au fur et à mesure aux autres pratiques.

Recevoir et explorer ces quatre pratiques nous dispose à entrer en lien avec nous mêmes, les autres et le monde d’un manière subtile, profonde et bienveillante.

Pratique de la présence attentive (Mindfulness)

L'étonnante découverte de l'esprit

Par cette pratique (base de tout ce que le Centre Gandhara met en œuvre) nous apprenons, tout d’abord, à faire connaissance avec notre propre esprit.

Nous découvrons (peut-être pour la première fois) son existence, le fait qu’il se manifeste sous de formes très variées : déferlement inarrêtable de pensées (ce que traditionnellement est nommé « voir la cascade »), projection de toute sorte d’idées concernant le passé ou l’avenir, difficulté à être simplement présent… ou au contraire une sensation de calme et de grande spaciosité… ou peut être de l’endormissement… tout est possible !

La pratique de la présence attentive nous invite à regarder tout cela d’un oeil neutre, sans parti pris pour aucun de ces évènements qui surgissent en nous. Pour nous aider à ce faire on se sert, en position assise, d’une posture corporelle précise et du support de la respiration.

Par cette pratique nous commençons à apprivoiser notre esprit et à le laisser se synchroniser avec le corps, de manière à mieux nous incarner et à être plus en phase avec chaque situation de nos vies. Nous revenons à un sens de présence, d’acuité et d’enracinement dans l’aspect le plus concret de notre existence. On éprouve alors la sensation qu’on rentre enfin chez soi et que un accord parfaitement juste s’établi naturellement entre nous et le monde.

Pratique pour avoir le courage d'être pleinement vivant

À la rencontre de notre tendre et poignante humanité

La Pratique pour avoir le courage d’être pleinement vivant (ou Pratique du courage) est une autre façon d’aborder le phénomène déjà montré par la Pratique de la présence attentive, mais mettant cette fois l’accent sur une dimension de vaillance et de confiance, d’assurance primordiale dans le fait d’exister.

La peur et le découragement, la méfiance à propos des autres (mais plus profondément à propos de nous mêmes, de quelque chose en nous qui serait comme de travers), des appréhensions et de doutes de toute sorte… tout cela nous ronge et nous ligote, souvent à notre insu, nous empêchant de déployer nos ailes pour vivre pleinement ce que nous avons à vivre.

Nous nous sentons souvent pas à la hauteur des situations et par peur de prendre le risque de nous montrer tels que nous sommes (avec nos qualités lumineuses mais aussi avec nos ombres et nos insuffisances), par crainte d’être éventuellement blessés, trahis ou abandonnés, nous préférons rester comme à l’écart du mouvement même de la vie, en marge du courant de notre propre existence. Le résultat de cela est triste, pour le moins : on se retrouve à vivre sa vie comme par procuration, et l’on en souffre.

La Pratique du courage vise à nous permettre de nous reconnecter avec cette dimension d’ouverture, de solidité et d’allant dans laquelle on peut toujours prendre appui, au delà des aléas et des contingences passagères. Elle prend tout son essor à partir de la reconnaissance de notre propre humanité, vulnérabilité, difficulté à tenir bon devant les défis que la vie nous lance… pour éventuellement nous ouvrir à un état d’être marqué par la force et par la tendresse.

Elle nous ouvre en même temps à une dimension qui n’est pas le pur produit d’une décision ou de la volonté imposée par un sujet tout-puissant, qui n’est pas fabriquée, mais qui jaillit spontanément à partir de ce que nous sommes en propre quand nous arrêtons de vouloir tout contrôler, tout gérer, tout verrouiller…

Cette pratique cherche ainsi à nous rendre moins intellectuels, moins cérébrales et plus vivants, plus incarnés. Elle vise aussi, en dernière instance, à transmuter le découragement généralisé que la philosophie appelé nihilisme et à laisser se déployer à la place une véritable dimension d’enthousiasme qui considère le monde, la société et les êtres comme étant intrinsèquement dignes et sacrés.

Pratique de la bienveillance aimante (Maitri)

Ou l'aspiration à ce que tous les êtres connaissent le bonheur

La Pratique de la bienveillance aimante (Maitri en sanskrit, ou Metta en pali) c’est le Bouddha qui la transmit d’abord à ses disciples quand ceux-ci, effrayés devant les menaces qu’ils rencontraient dans les forêts ou ils étaient allés pour s’adonner à la vie contemplative (animaux sauvages, bandits, esprits malveillants…) lui demandèrent une protection contre tous ces dangers.

C’est curieux comment, à ce moment, il les encouragea à se laisser toucher dans leur cœur, à épouser une dimension d’amitié et de bienveillance envers eux mêmes et envers tous les êtres comme manière royale de traverser l’effroi et le sentiment d’inquiétude.

Il aurait pu, plutôt, leur dire de se durcir, d’apprendre les arts martiaux, de se barricader et de s’armer pour contrer les périls, mais non, il les a dit : « Jamais la haine n’a vaincu la haine; seul l’amour vainque la haine ». Ces paroles simples et profondes, désarmantes de vérité, sont le fondement de la Pratique de la bienveillance aimante.

Il faut arriver à voir que même si les termes d’amour et de bienveillance ont été galvaudés en Occident par trop d’usage, ce vers quoi ils pointent n’est pas du tout une dimension que nous pouvons nous permettre d’oublier ou de snober, sous prétexte qu’on trouve les mots qui la désignent new age ou gnangnan. La bienveillance n’est pas gnangnan. L’amour, quand il est pris en compte à partir d’une équanimité qui n’exclut rien ni personne, n’est pas gnangnan non plus, n’est pas new age.

Amour et bienveillance sont au contraire la force tranquille qui vient panser chacun dans ses blessures, ses amertumes, son incapacité à s’apprécier pour ce qu’il est ou à aimer les autres, à aimer le monde.

Mais, chose curieuse en non connue de tous, l’amour s’apprend. Pour lui laisser grandir en nous il faut passer par un entrainement qui demande un certain courage et une certaine persévérance. La Pratique de la bienveillance aimante fut conçut avec l’intention d’offrir un cadre pour tel apprentissage.

Le Centre Gandhara propose régulièrement des stages dans lesquels le Pratique de la bienveillance aimante est transmise de manière simple et rigoureuse.

Pratique de la compassion (Tonglen)

Ou l'aspiration à ce que tous les êtres soient libérés de la souffrance

Le mot compassion (comme le mot amour et beaucoup d’autres de ce genre dans nos sociétés actuelles, ayant été usés jusqu’à la corde ou avec des intentions qui sont parfois, pour le moins, douteuses) est difficile à entendre d’une oreille dégagée. Nous le comprenons souvent à partir d’interprétations de deuxième main et son sens véritable nous reste occulte.

Dans la tradition bouddhique, néanmoins, il pointe vers cet état d’être qui n’est pas séparé du monde ni des autres, de leur souffrance, et qui (co)m(patie), qui aspire du fond du cœur à ce que leur douleur s’arrête (parce que la douleur du monde est en même temps la nôtre).

La compassion selon cette perspective ne veut pas dire, en aucun cas, s’apitoyer sur quelqu’un d’autre ni non plus le fait de s’arroger le devoir noble de lui venir en aide parce qu’il serait moindre que nous, parce qu’il aurait moins de quelque chose dont nous, au contraire, serions garnis en abondance.

Elle n’est pas non plus la volonté de complaire ou de rassurer à tout prix sous prétexte de ne pas se montrer trop abrupte (ce que des grands maîtres spirituels comme Georges Gurdjieff ou Chogyam Trungpa ont nommé compassion idiote). Si, par exemple, on voit un enfant qui s’apprête à mettre les doigts dans la prise électrique ou qui commence à traverser une rue sans regarder si des voitures approchent, on ne dira pas que c’est trop abrupt ou déconsidéré d’empêcher cet
enfant d’aller plus loin dans son action, même si cela suppose qu’on agit brusquement. Cela est du au fait que nous savons que le fondement de ce geste abrupte est amour et compassion.

La compassion c’est donc, au contraire : chercher à offrir à l’autre ce dont il a véritablement besoin pour être.

La Pratique de la compassion ou Tonglen vient de la tradition bouddhique et veut dire, étymologiquement, donner et recevoir (tong-len) : en prenant une posture droite et en nous servant de la respiration comme point d’appui, nous donnons mentalement ce que nous considérons bon et précieux et prenons à nos frais ce que d’ordinaire on aurait tendance à rejeter, ce que nous trouvons repoussant.

Cette manière d’inverser la vapeur de notre manière habituelle de nous rapporter au monde est d’une énorme puissance de transformation. C’est néanmoins préférable d’avoir pratiqué un certain temps la Pratique de la présence attentive, la Pratique du courage et la Pratique de la Bienveillance aimante avant de s’adonner à la Pratique de la compassion, sans quoi on risquerait de mécomprendre expérientiellement son sens.

Pour cela, le Centre Gandhara organise régulièrement des stages ou la Pratique de la compassion est transmise de manière simple et rigoureuse aux personnes ayant reçu les pratiques précédentes.